Même si elle est assez classique, la structure en 3 actes est la méthode narrative la plus courante et la plus utilisée. Elle fonctionne depuis la nuit des temps, que ce soit pour des romans, des pièces de théâtre, des films, des séries et même des pubs !
Même s’il ne faut pas la prendre comme une règle absolue et qu’en tant qu’auteur, tu pourras toujours la modifier et l’adapter en fonction de tes besoins narratifs. Il existe aussi d’autres structures narratives dont je te reparlerai bientôt sur ce blog.
Une structure narrative te permet de mettre en forme ton histoire, de l’organiser de manière cohérente pour captiver et provoquer l’engagement de tes lecteurs.
Pour en savoir plus, tu peux lire mon article « Pourquoi utiliser une structure narrative pour écrire ton roman ? »
Avec la structure en 3 actes, tu vas créer 3 parties distinctes dans ton histoire, chacune jouant un rôle spécifique dans la progression de l’intrigue de ton roman.
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Exemples d’histoires qui utilisent la structure en 3 actes
Pour que ce soit tout de suite plus clair pour toi, voici des exemples d’histoires, structurées en 3 actes.
« Roméo et Juliette » de William Shakespeare (pièce de théâtre, films)
Acte 1 : La rencontre de Roméo et Juliette lors d’une fête, malgré la rivalité de leurs familles respectives.
Acte 2 : Roméo et Juliette se marient secrètement, mais leur bonheur est de courte durée.
Acte 3 : Une série de malentendus tragiques mène à la mort de Roméo et Juliette.
« Orgueil et préjugés » de Jane Austen (livre, films, séries)
Acte 1 : on nous présente les 5 sœurs Bennet, qui doivent toutes être mariées. L’une d’entre elles, Elizabeth, rencontre Mr Darcy, un homme riche et orgueilleux, tandis que Mr Bingley, célibataire, s’installe dans les environs.
Acte 2 : Elizabeth et M. Darcy se confrontent à leurs préjugés mutuels et à la désapprobation de leur société respective, mais finissent par tomber amoureux.
Acte 3 : Elizabeth doit faire face à une série de révélations sur les actions passées de M. Darcy, mais finit par accepter ses excuses et épouser l’homme qu’elle aime.
« Quatre mariages et un enterrement » de Richard Curtis (film)
Acte 1 : Présentation de Charles, un célibataire qui fréquente divers mariages et événements sociaux avec ses amis.
Acte 2 : Charles rencontre Carrie, une Américaine séduisante, et ils ont une relation tumultueuse qui est interrompue par une tragédie inattendue.
Acte 3 : Charles réalise qu’il est amoureux de Carrie et tente de la retrouver avant qu’elle ne quitte le pays.
« Game of Thrones » (série)
Acte 1 : Les grandes maisons de Westeros s’affrontent pour le trône de fer, alors que l’hiver approche et que des forces surnaturelles se réveillent.
Acte 2 : Les intrigues, les alliances et les trahisons se multiplient alors que les personnages luttent pour leur survie et leur position de pouvoir.
Acte 3 : Les forces surnaturelles menacent l’existence même de Westeros, tandis que les personnages se réunissent pour faire face à la menace.
Perrier – « La Lionne » (publicité)
Acte 1 : La publicité commence par un plan rapproché sur un lion et sur une femme, qui avancent l’un vers l’autre dans la savane.
Acte 2 : Ils grimpent maintenant tous les deux sur une colline, vers une bouteille de Perrier posée au somment, jusqu’à arriver face à face, la bouteille entre eux.
Acte 3 : Le lion qui rugit de toutes ses forces pour faire peur à la femme, mais elle ne se laisse pas faire et rugit à sont tour. Le lion s’enfuit et la femme boit le Perrier. On entend le slogan : « De l’eau. De l’air. La vie. »
Toute mon adolescence, cette pub !
Mais c’est quoi exactement la structure en 3 actes ?
Il s’agit de découper ton histoire en 3 parties, qui finissent toutes par un « nœud dramatique », ou « plot point » en anglais : un point d’intrigue où il se passe quelque chose, où il arrive quelque chose au personnage principal, qui le pousse dans une direction différente.
Tu veux apprendre plus précisément de quoi il s’agit ? C’est parti ! Voyons ensemble les 3 actes plus en détails.
ACTE 1 : La mise en place, l’exposition
Le but des scènes de cet acte ?
- Présenter le personnage principal
- Présenter son problème, son conflit principal
- Mais aussi par exemple introduire le méchant de l’histoire
- Ou introduire par exemple celui ou celle dont ton personnage principal va tomber amoureux
- Ou introduire le crime si tu écris un policier.
Tu vois l’idée !
Il faudra aussi présenter :
- Le cadre, l’univers de ton histoire, le contexte
- Voire présenter les mondes de ton histoire, si tu écris du Fantastique, ou de la Science-Fiction, par exemple
On trouve ensuite dans l’Acte 1 un « incident déclencheur« , quelque chose qui va perturber l’équilibre initial de l’histoire et donner une nouvelle direction à l’histoire. Tu n’as pas d’histoire si tu n’as pas au moins l’incident déclencheur !
En effet, si ton histoire c’est : « M. Fox se lève tous les matins à la même heure, prépare le même petit-déjeuner depuis plus de quarante ans, monte dans le même bus, et arrive au travail où il s’installe à 8h précises à son bureau parfaitement ordonné. » et qu’il ne se passe rien de plus pendant tout le roman, quel est l’intérêt ?
Par contre, si un matin, M. Fox rate son bus de 7h32 alors que ça ne lui est jamais arrivé, ou qu’il n’entend pas son réveil et arrive en retard, ou qu’il ne se réveille pas du tout parce qu’il est mort… Là on a créé de l’intérêt !
Le lecteur va se demander : pourquoi ? Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a fait en sorte que M. Fox est sorti de son train-train quotidien ? Et surtout : que va-t-il se passer ensuite ? Comment M. Fox va-t-il réagir ? Quelles vont être les conséquences sur sa vie ou sur celles de sa famille, de ses collègues ?
Cet acte se finit par le 1er nœud dramatique, qui est le moment où l’intrigue commence vraiment. Et plus celui-ci est intéressant et important, plus tes lecteurs seront impliqués dans la suite de ton histoire.
Tu dois y présenter le problème que le personnage principal va devoir résoudre. Il doit pousser ton personnage vers l’action.
Tu veux un exemple ?
Dans le film des années 90 « Retour vers le futur », l’incident déclencheur correspond au moment où Marty accepte de venir sur le parking pour participer à l’expérience de voyage dans le temps.
Le nœud dramatique #1 correspond quant à lui au moment où Marty en vient à empêcher sans le vouloir ses parents de se rencontrer, ce qui met son existence-même en péril ! Il doit maintenant les faire tomber amoureux, en une semaine, ou alors il cessera d’exister… Oups !
Pour résumer
Dans l’acte 1, tu as une présentation de ton histoire, puis un « jusqu’à ce que » – un événement déclencheur qui plonge l’histoire dans autre chose – et enfin l’action que va entreprendre ton personnage principal, liée au déclencheur.
ACTE 2 : Le développement
Il s’agit de la partie la plus longue de ton histoire. On dit qu’en général, l’acte 1 et l’acte 3 font chacun un quart de l’histoire, l’acte 2 fait donc la moitié.
L’acte 2 va développer le conflit principal de ton personnage. Celui-ci doit maintenant réagir à ce qui a bousculé sa vie à l’acte 1. Il s’attaque à son problème, il se confronte à des nouvelles difficultés liées au nœud dramatique #1 (provenant de l’extérieur ou de l’intérieur de lui), il apprend aussi de nouvelles choses.
Traditionnellement, on conseille de faire bien attention à continuer à construire de la tension dans cet acte, à maintenir l’intérêt, à rendre les problèmes du personnage principal de plus en plus insolubles. Il faut aussi qu’il y ait un sentiment d’urgence. Tu peux donc y inclure des rebondissements, des retournements de situation et des moments de tension, des défis, des obstacles et des conflits qui vont pousser le personnage principal à agir et à changer, à faire des choix qui le mèneront à son objectif final – ou à sa perte.
Les nœuds dramatiques doivent donc évoluer, être de plus en plus importants, au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue.
C’est dans ce 2ème acte que l’on peut trouver des limites à cette structure des 3 actes, mais je t’en parle plus loin…
Classiquement, l’acte 2 a un nœud dramatique environ au milieu de l’histoire – d’ailleurs les anglais en écriture scénaristique l’appellent le « mid point« , le point médian. Ce nœud relance l’action, il sert d’accélérateur à tout ce qui arrive au personnage principal, voire même il redéfinit les enjeux. Les premières solutions que notre personnage a essayées n’ont pas marchées, il doit trouver de nouvelles réponses.
Cet acte 2 se finit aussi par un nœud dramatique, qui lance l’action et l’histoire vers sa résolution finale.
Les anglo-saxons appellent ce nœud dramatique le « all is lost moment« , le moment où tout paraît perdu. Le personnage est au plus bas, la victoire paraît impossible à imaginer. Tout doit dépendre de ce qui va se passer ensuite.
Tu veux un exemple ?
Toujours dans « Retour vers le futur », le mid point correspond au moment où Marty se rend compte que sa (future) mère Lauren est tombée amoureuse de lui, au lieu de tomber amoureuse de son (futur) père George ! Il doit trouver une solution pour transformer son père en héros, ce qui permettra à sa mère de tomber amoureuse de lui à la place.
Le « All is lost moment » correspond au moment où Marty a tout organisé pour que son père George passe pour un héros, mais que tout ne se passe pas comme prévu : George lance un coup de poing à Marty, et commence à faire des avances non désirées à Lauren… Il ne réussit pas non plus à se rebeller contre Biff. Comment Marty va-t-il réussir à changer le cours des choses, sachant qu’il lui reste de moins en moins de temps pour le faire ?
ACTE 3 : La résolution
Cet acte va présenter la solution au problème que ton personnage principal a découvert à l’acte 1 et aux difficultés qui se sont accumulées au fur et à mesure de l’intrigue. L’acte 1 a posé une question, l’acte 3 doit y répondre. C’est le moment le plus excitant de ton histoire !
C’est également l’occasion pour toi de répondre à toutes les questions restées en suspens et de donner une conclusion satisfaisante à ton histoire. Le personnage doit se retrouver à la fin de l’acte 3 dans un état différent de celui où il a commencé l’histoire.
Mais évidemment, cette résolution ne va pas se passer facilement, sinon, quel est l’intérêt ?
L’acte 3, au contraire, va continuer à accumuler les problèmes pour le personnage principal, lui rendre la vie impossible, jusqu’au nœud dramatique ultime, appelé aussi climax, où il devra affronter le pire du pire, et résoudre (ou non) son problème. Ce dernier nœud dramatique devra donc être le plus fort, celui qui déterminera le succès ou l’échec du personnage principal. Contrairement aux autres nœuds dramatiques, le climax porte un changement « absolu et irréversible », comme le précise Robert McKee.
À toi, en tant qu’auteur de décider s’il arrivera à triompher ou non, suivant le genre dans lequel tu écris… et ton degré de sadisme envers tes personnages ! En vrai, il faut que ce soit logique selon le genre, donc, et selon ce que tu auras donné comme ambiance à ton histoire. Tu peux aussi vouloir surprendre ton lecteur… mais attention à ne pas le décevoir non plus.
Tu veux un exemple ?
Dans « Retour vers le futur », le climax est effectivement formidable ! Nous sommes face à la tour de l’horloge, quelques instants avant qu’elle ne soit touchée par la foudre, ce qui permettra à Marty de retourner chez lui. Tout est très précis, à la seconde près, et les problèmes s’accumulent : le fil se détache, la voiture ne démarre pas… On se dit vraiment à chaque instant que Marty va rester coincé définitivement dans le passé…
Les limites
Le problème majeur de cette structure reste cette espèce de « trou », de long moment du 2ème acte, où on peut vite s’ennuyer… Ou accumuler les obstacles superficiellement, pour continuer à garder l’intérêt du lecteur…
C’est ce qui m’arrivait régulièrement au début où j’écrivais. Est-ce que c’est aussi ton cas ? Je cherchais à combler les trous, à meubler, à inventer des sous-intrigues pour garder l’intérêt. Ou alors je me disais que mon intrigue était finalement trop courte… Ce qui était le cas ! Il me manquait des éléments pour pouvoir compléter mon histoire.
Comment faire alors pour perfectionner tout ça ? Une des solutions est de se pencher sur une autre structure, par exemple celle du Hero’s Journey, dont je te parlerai dans un prochain article !
? C'est parti mon kiki : passe à l'action !
Voilà un petit plan d’actions à faire, pour apprendre à utiliser la structure narrative en 3 actes :
1. Comprends les 3 actes (en lisant attentivement cet article !).
2. Analyse des exemples de romans ou de films, pour y trouver cette structure. Vois comment chaque acte contribue à faire avancer l’intrigue et à développer les personnages.
Tu pourras ensuite pratiquer l’utilisation de la structure narrative en 3 actes, en écrivant par exemple des histoires courtes ou en utilisant cette structure dans tes projets d’écriture :
1. Identifie les moments clés, tous les nœuds dramatiques, les obstacles, les conflits, le climax, le dénouement, que ton personnage principal va devoir surmonter. Tu dois t’assurer de la bonne progression de ton histoire.
2. Développe ton personnage. Crée un personnage solide et cohérent qui aura des motivations claires et un arc narratif* satisfaisant.
3. Planifie chaque acte de ton histoire. Dans l’acte 1, présente les personnages et les enjeux principaux. Dans l’acte 2, développe le conflit et présente des obstacles pour vos personnages. Dans l’acte 3, résous le conflit principal de l’histoire. Assure-toi que chaque acte est clairement défini et que l’histoire progresse de manière logique.
4. Écris un premier jet en utilisant ton plan comme guide.
5. Révise et affine ton travail pour t’assurer que chaque acte est bien développé et que l’histoire a une bonne progression. Apporte les modifications nécessaires pour renforcer l’intrigue et les personnages.
6. Demande des commentaires à des bêta-lecteurs, à un relecteur professionnel. Ils vont lire ton histoire et de te donner leur avis. Prends en compte leurs commentaires pour affiner ton histoire.
* C’est quoi un arc narratif ? C‘est le fait que ton personnage se comporte ou pense d’une certaine façon au début de l’histoire, et parce qu’il lui arrive tout ce que tu as décidé, il est différent à la fin de l’histoire, il a évolué. Sa transformation peut inclure des changements émotionnels, des prises de conscience ou des évolutions dans son comportement et dans sa personnalité.
J’adore lire tes commentaires ! Partage ton expérience avec la structure narrative en 3 actes : tu la connaissais ? Elle t’a déjà aidé ?
Bonjour Juliette,
C’est suoer ton article, merci beaucoup! Je n’avais jamais remarqué cette structure dans les oeuvres scénaristiques mais maintenant que tu le dis je vois tout à fait ce que ca donne dans les deux derniers films que j’ai vus! (Gardiens de la galaxie Volume 3 et Dongeons et dragons machin chouette)
A une différence pret: dans les deux cas l’élément perturbateur est la mort/le danger de mort d’un personnage qui est proche du héros principal, mais la quete de la phase 2 ne finit pas avec sa résolution, mais à un enjeu encore plus grand (#sauver le monde typiquement) qui dépasse de loin l’envergure du personnage et amplifie l’héroisme désintéressé de ses actes.
J’ai hate d’en savoir plus sur le Hero’s journey 🙂
A bientot,
Maxime
Super ! Contente que tu aies pu repérer tout ça. Le Hero’s journey va te plaire je pense ! ça affine la structure en 3 actes…
Wow, c’est un super article Juliette. Ton explication est géniale, mais encore faut il avoir de l’imagination. Je pense qu’il faut arriver a se poser ou trouver un sujet pour écrire ! Un jour, je m’y mettrai.
J’espère que tu oseras t’y mettre effectivement ! Je te le souhaite en tout cas, parce que c’est une super aventure
Merci pour ton article. Sans le savoir, j’ai appliqué cette technique au roman que je suis en train d’écrire. C’est très intéressant de te lire ! Merci encore.
Super ! C’est vrai que cette technique est ancrée en nous sans qu’on le sache, tellement elle est utilisée partout. Et merci, contente que ça puisse t’aider !
Super intéressant, je vais essayer ces exercices sur les films et les pubs. Ça me donne envie aussi de m’entraîner sur des histoires courtes car un roman ça fait tout de suite plus peur lol. Puis si un jour je tiens une nouvelle bien ficelée, pourquoi pas la développer en roman…
Merci pour ces souvenirs d’enfance et ces explications, j’adore.
J’attends aussi l’article sur le Hero’s journey ?!
Oui c’est une bonne idée de commencer avec quelque chose de plus court, déjà pour voir si ça te plaît !
Très bon article, et les références m’ont rappelé de bons souvenirs 🙂 Hyper longtemps que je n’avais pas vu la pub Perrier :). Et ton exemple avec M. Fox m’a aussi rappelé le film l’Incroyable destin d’Harold Crick. Je ne connaissais pas du tout cette structure, uniquement quelques mots de vocabulaire, (climax, mid point). Est-ce que le hook peut aussi être apparenté à un plot point / noeud dramatique ou c’est vraiement quelque chos de différent ? Ah et j’aime bien les proportions que tu donnes pour la construction : 1/4, 1/2, 1/2, facile à retenir. Comme dis Maxime, on attend donc le Hero’s Journey pour alimenter l’acte 2 et affiner l’ensemble 🙂
Merci merci ! Ravie de pouvoir aider ! Et oui je me suis bien amusée avec les exemples, ça m’a aussi fait remonter le temps. Je ne connais pas l’Incroyable destin d’Harold Crick, je viens d’aller voir et le pitch donne envie ?.
Par rapport au hook, pour moi ça correspondrait plutôt à l’incident déclencheur. Un hook, littéralement « un crochet », ça doit accrocher. Donc plutôt ce qui va accrocher le lecteur, ce qui va lui donner envie de lire la suite, ce qui va l’attraper par le col et ne plus le lâcher jusqu’à la fin !